Mais quel peut bien être le point commun entre Lucie Castets, François Hollande, Jean-Luc Mélenchon et Sophia Chikirou ? Ils sont de gauche. Je ne vous apprends rien. Ils font partie de la même coalition politique : le NFP (Nouveau Front populaire). Là non plus, rien de secret. Mais surtout, dans leurs discours politiques, ils ont toujours ciblé « les riches », et là, on touche à un point sensible.
Dans l’absolu, c’est leur idéologie politique. Pour eux, il y a des pauvres parce qu’il y a des riches.
C’est comme ça, et pas autrement. Si les uns n’ont rien, c’est parce que d’autres prennent tout. Certains leur répondraient que cette logique ne tient pas la route, parce que dans les pays où il n’y a pas de riches, il y a tout de même beaucoup de misère (le Venezuela en est un bon exemple), et que rendre les riches moins riches n’a jamais rendu les pauvres moins pauvres (quand les actions LVMH de Bernard Arnault ont été dévaluées de 50 milliards d’euros il y a quelques mois, on ne peut pas vraiment dire qu’un seul Français y ait gagné en pouvoir d’achat), mais peu importe. Être riche, c’est mal. Dont acte.
Mais alors, une question est légitime : Pourquoi Lucie Castets demande-t-elle 9.000 euros par mois pour faire une fausse campagne de fausse Première ministre, salaire qui la positionnerait parmi les 1% des plus riches du pays ? Pourquoi François Hollande, qui avait déclaré « Mon ennemi, c’est la finance », avant d’échouer à mettre en place un impôt à 75 % sur les plus hauts revenus, n’a-t-il pas refusé de toucher ses 12.000 euros de retraites par mois ? Pourquoi Jean-Luc Mélenchon ne vomit-il pas tous les matins, en relisant sa déclaration de patrimoine à 2,5 millions d’euros, ce qui le positionne dans les 1% des plus fortunés du pays ? Pourquoi Sophia Chikirou facturait-t-elle 10.000 euros par mois à la France Insoumise pour son travail personnel pendant la campagne présidentielle ? Vous l’aurez compris, leur point commun n’est pas seulement d’être de gauche. C’est d’être dans les 1% des plus riches.
Après tout, ils en ont bien le droit : ils vous diront qu’ils ont travaillé pour cela, que ce fut beaucoup d’efforts pour en arriver là, que défendre les gens mérite d’être un travail correctement rémunéré… Ils ont raison ! Mais n’est-ce pas un peu une logique de droite, que de mettre en avant ses efforts pour légitimer son salaire élevé ? Après tout, être de droite, ça peut aussi arriver à des gens de gauche, donc des gens biens.
Je ne prétends pas avoir de réponse, mais tout de même : pourquoi cette gauche qui déteste tant les riches, et qui ne fait jamais l’économie de petites phrases à leur encontre (Mélenchon : « Les riches sont responsables du malheur des pauvres », Hollande : « Je n’aime pas les riches » seuil qu’il fixait à 4000 euros par mois, 3 fois moins que sa retraite…) fait pourtant tout pour en être ?
Car quand Mélenchon dit : « Les riches sont responsables du malheur des pauvres », ce qu’il dit, au fond, c’est : « Je suis responsables du malheur des pauvres ».
Pourtant, il n’en fait rien. Aucune remise en question. Incohérence ? N’ont-ils vraiment pas conscience de la catégorie à laquelle ils appartiennent ? Est-ce juste un argument politique pour capter les voix de ceux qui pensent que la seule chose qui importe, c’est que leur voisin ne soit jamais plus riche qu’eux-mêmes ? Se détestent-ils tout simplement ? Ne veulent-ils pas revenir en arrière sur leurs déclarations provocantes et haineuses, par peur de passer pour des « amis des riches » ou des opportunistes ? On peut imaginer beaucoup de choses.
Personne, d’ailleurs, ne leur reproche, ni d’être de gauche, ni d’avoir de l’argent et d’aimer ça. Ils en ont le droit. Mais on a le droit de questionner leur cohérence.
Être de gauche, ça ne devrait pas être de « ne pas aimer les riches », ça devrait être d’aider les pauvres.
Et alors qu’il n’y a aucune incompatibilité entre l’existence de riches et l’aide des pauvres (bien au contraire, nous disent les économistes), tous se vautrent dans cette confusion, qu’ils utilisent grassement pour amasser les voix.
Le riche est un ennemi facile. Une position de « dominant universel ». Une catégorie de la population qui est si minoritaire qu’il est facile, dans une démocratie, de rassembler à ses dépens. Du moins, jusqu’à ce qu’on le devienne soi-même.
Alors, pour éviter tout accident, je me permets de donner un conseil à Jean-Luc Mélenchon, Lucie Castets et tous les autres ; quand vous parlez des riches, faites attention. Vous parlez de vous.
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